Évolution vers une approche holistique

Après plusieurs années à travailler avec des chevaux exceptionnellement talentueux en Europe et aux Philippines, je croyais qu’il était simple (pas facile, mais simple) d’amener n’importe quel cheval à réussir les mouvements requis pour progresser à travers les niveaux de dressage.

De retour au Canada, j’ai eu à travailler avec des chevaux ayant moins de talent naturel pour le dressage et présentant des problèmes de comportement ou des résistances physiques causées par la façon dont ils avaient été manipulés, entraînés ou leur mode de vie. Leurs problèmes allaient de l’anxiété ou l’insécurité aux comportements dangereux tels que ruades, refus, fuite. Même si j’arrivais à de résultats avec les méthodes traditionnelles, ces chevaux m’ont amenés à me questionner ce que je faisais et ce que j’avais appris était correct.

J’avais appris à dominer le cheval et à le contraindre sans considérer un seul instant sa capacité à se conformer aux demandes ou à répondre aux invitations plutôt qu’aux exigences. J’ai alors réalisé que j’avais passé des années à acquérir des techniques pour pousser des boutons sur des chevaux entraînés et utiliser les outils traditionnels (mors, chaînes, éperons, cravache, rênes allemandes, etc.) pour créer l’apparence d’un cheval qui bouge bien ou qui est bien entraîné. En d’autres mots, j’arrivais à contrôler les symptômes des chevaux débalancés de façon à ce qu’ils aillent bien avec moi, mais pas nécessairement avec leurs propriétaires. Afin que l’entraînement puisse être vraiment assimilé et répété par le cheval, mon travail est devenu d’aider le cheval à trouver son propre équilibre (physique et mental).

J’ai commencé à chercher des façons différentes de communiquer ce que je voulais, ainsi qu’à examiner comment ma façon d’être avait un impact positif ou négatif sur les problèmes des chevaux. Ce dernier point fut très important parce qu’il m’a permis de réaliser que ma façon de relâcher ou de contracter ma musculature (incluant celle du cerveau !) influençait les chevaux plus que n’importe quelle technique que j’utilisais. J’en suis venue à la conclusion que le corps du cavalier est le plus important outil pour l’entraînement.

J’ai commencé à ouvrir les paddocks individuels de mes chevaux pour leur permettre de vivre une vie de cheval en troupeau. J’ai passé de longues heures à regarder les interactions entre les chevaux au champ, autant qu’à expérimenter des techniques au sol et en selle. Ceci m’a conduit d’une révélation à l’autre. Je réalise maintenant qu’il existe une énorme différence entre la façon traditionnelle d’entraîner les chevaux et ce qu’ils comprennent naturellement. Leur vive sensibilité et leur désir de communiquer peuvent être canalisés et amplifiés. L’apprentissage de l’équitation peut inclure la découverte des façons d’utiliser notre corps pour communiquer plutôt que s’acharner à contraindre le cheval.

Toutes les heures passées en interaction avec des chevaux de plus en plus confiants en moi et en eux-mêmes, m’ont démontrées à quel point  ils peuvent être extrêmement perceptifs à des demandes très subtiles et combien ils peuvent être ouverts à ce qu’on leur montre de nouvelles choses. C’est tout simplement dans leur nature. Je crois maintenant que c’est à nous à apprendre à communiquer avec eux dans leur langage plutôt que leur apprendre à accepter et à s’adapter à nos méthodes basées sur la force et la domination.

Dans le processus nous pouvons nous découvrir nous-mêmes autant que nos chevaux…